Contes de Léo Lévesque

Quand Léo Lévesque est entré en prison, il ne savait ni lire ni écrire. Une intervenante qui a su repérer son intelligence et son talent lui a enseigné. Depuis, il écrit et écrit… On lui doit plusieurs pièces de théâtre (voir la fiche de Léo Lévesque à l’Association Québécoise des Auteurs Dramatiques). On lui doit aussi la co-scénarisation, avec Michel Jetté et Frédéric Julien, de « Histoire de Pen » (adapté de sa pièce « Contes en coup de poing »).
Au fil des ans, nous avons travaillé ensemble sur de nombreuses productions. Léo est entré en prison à l’âge de 20 ans et il y a passé la majorité de sa vie. C’est donc dire que le travail que nous faisions ensemble se faisait à distance. Je suis allée quelquefois le voir « en dedans », mais la plupart du temps ça se faisait par téléphone et à des heures strictes et fixées à l’avance.
Léo écrit surtout des contes-monologues et les spectacles sont donc des assemblages de monologues nous présentant les personnages de son univers. Ces personnages viennent sur scène raconter leur histoire, toujours aussi prenantes les unes que les autres, et souvent réapparaissent d’une production à une autre. La plupart de ces spectacles ont été organisés et mis en scène par Paul Dion (Daniel Simard en a aussi fait quelques-uns).
Il nous est aussi arrivé à quelques reprises d’aller jouer « en dedans », devant ceux-là même dont parlent les pièces de Léo. L’expérience n’est pas du genre qu’on oublie… Je m’étais rendue à la prison de Bordeaux pour tout entendre, tout capter, m’imprégner. Je connaissais parce que j’y suis souvent allée pour participer à l’émission de Mohamed Lotfi, mais au cœur de ce monde carcéral, sous l’immense dôme, au milieu des échos qui voyageaient sur la pierre et le marbre, je me serais crue au cœur d’une immense cathédrale. En plein cœur des extrêmes… Je suis partie de là, entre le ciel et l’enfer, avec en tête la phrase de Jacquard qui dit que les prisons sont peuplées d’être qui ne se sentent pas entendus, ramenant avec moi un monde de souffrance et d’espoir souvent déchu..